L'Université de Bourgogne lance une campagne de candidature à des prix d'«excellence pédagogique», accompagnés chacun d'une somme de 3000€, dans le but de mieux prendre en compte la pédagogie et rendre plus attractive l'université.

Cette préoccupation est partagée par l'ensemble des enseignants-chercheurs et nous devrions nous réjouir d'une telle initiative. Cependant, telle qu'elle se présente, elle nous apparaît comme allant à l'encontre de son objectif.

En effet, l'enseignement est une activité qui gagne à être discutée, disputée, à faire l'objet d'échanges constants entre les enseignants et plus généralement tous les personnels impliqués, ainsi que les étudiants. La logique proposée est toute autre, elle consiste à faire de chaque enseignant un rival, un concurrent des autres enseignants, décourageant l'échange et la discussion des pratiques pédagogiques.

Si l'Université pense qu'elle va ainsi «reconnaître et souligner la contribution essentielle de ses enseignants», elle se trompe lourdement. La reconnaissance ne consiste pas à organiser un concours pour distribuer de l'argent. Pour 3 lauréats «reconnus», combien ne le seront pas alors qu'ils le mériteraient pourtant ? Combien seront déçus ?

Si l'Université pense qu'elle va ainsi «promouvoir la qualité de la pédagogie universitaire», elle fait une erreur grave. Jamais la destruction des collectifs pédagogiques en mettant leurs membres en concurrence n'a amélioré la qualité des formations. Si une telle amélioration était vraiment l'objectif de la direction, elle pourrait commencer par cesser de couper dans les budgets de formation et de réduire les nombres d'heures d'enseignement.

Si l'Université veut vraiment «inciter les composantes à valoriser la pédagogie universitaire», elle doit rompre avec l'idéologie de l'excellence, des classements et des appels à projets, en permettant à ses composantes de ne pas être totalement absorbées par la recherche de financements qui en découle. Elle doit également non seulement stopper le gel mais surtout exiger la création de postes d'enseignants-chercheurs et de personnels d'accompagnement, arrêter de transformer les postes d'enseignants-chercheurs en enseignants du second degré, mettre en place une véritable formation continue des enseignants prise en compte dans leur service.

Le SNESUP de l'uB invite tous les enseignants à ne pas s'abaisser à candidater à un tel concours cynique, mais au contraire à joindre leurs forces pour continuer à assurer collectivement et solidairement des formations de qualité, malgré les politiques d'austérité qui impactent leurs conditions de travail.

Nous manquons tous de reconnaissance. Les solidarités entre personnels sont sans cesse amoindries en faveur de replis sur soi. C'est le propre des systèmes basés sur l'évaluation et la concurrence de profiter de ce manque en promettant des notes et des récompenses qui ne peuvent jamais être une réponse ni à la demande de reconnaissance ni aux nécessaires coopérations.

Le SNESUP de l'uB condamne fermement ces pratiques "managériales" qui détruisent petit à petit le métier d'enseignant.