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La volonté de « limiter l'accès de droit » en licence, sous des prétextes variés dont celui de la « capacité d'accueil », instaure un verrou de sélection des étudiants à l'entrée à l'Université, qui s'ajoute au système APB, progressivement en train de devenir un outil de présélection/sélection.
La justification classique est celle du manque de moyens des universités, générateur de dégradation des conditions d'accueil des étudiants et l'accroissement du flux et de la diversité des étudiants.
Le passage d'une logique d'habilitation à une logique d'accréditation oblige chaque université à faire la démonstration de ses moyens pour faire accréditer ses formations. Dans le contexte d'austérité et avec l'obligation de tenir les objectifs de réussite fixés par le MESR tout en diversifiant les types de publics accueillis, voilà bien ce qui semble une gageure... Nos vice-présidents et présidents successifs (dont Messieurs Bonnin et Chevalier) dans les deux mandats précédents n'ont jamais rien trouvé à redire à cette logique !
Relancer la démocratisation dans l'enseignement supérieur, que ce soit en licence, en master ou en doctorat, est une nécessité absolue pour préparer le pays aux défis de demain (c'est peut-être ce que Monsieur Bonnin appelle sans rire « construire une université pour la jeunesse du 21° siècle »). Cela nécessite certainement l'implication de tous, mais surtout des moyens humains et financiers à la hauteur. D'après le CEREQ, les jeunes sortis de l'enseignement supérieur en 2010 n'échappent pas à la dégradation de la conjoncture, mais les non-diplômés demeurent les plus exposés.
Soumises aux Responsabilités et Compétences Elargies, de nombreuses universités peinent désormais à accueillir plus d'étudiants et la mise en place d'une sélection en L1 se fait désormais plus tentante. Filtrer les étudiants pour dépenser un minimum tout en affichant un taux de réussite plus élevé n'est certainement pas la vision que portent les listes « Résister, Rassembler, Reconstruire » pour l'université du XXIème siècle.
Des solutions existent pour faire réussir le plus grand nombre, y compris les publics les plus fragiles: modalités pédagogiques différenciées (par exemple démarches de projet), construction de parcours s'appuyant sur leurs acquis (comme un étalement sur 4 ans), accompagnement à l'orientation et à la ré-orientation, dispositifs adaptés aux prérequis techniques que maîtrisent les bacheliers technologiques et professionnels... Le diplôme obtenu au final doit être bien sûr d'égales dignité et valeur pour tous et ce quel que soit le parcours suivi, tant en termes de temps que de progression pédagogique.
L'augmentation du taux de réussite au baccalauréat1 conduit de plus en plus de jeunes, quel que soit leur parcours antérieur en lycée, à souhaiter poursuivre des études supérieures à l'université, tant en licence générale que dans les IUT. La majorité des étudiants d'aujourd'hui - même s'il existe une variabilité selon les spécialités et les métiers visés - aspire à obtenir ainsi au moins une licence, qu'elle soit générale ou professionnelle.
Accueillir plus d'étudiants, qu'ils soient supposés plus fragiles ou plus à l'aise, dans les conditions permettant leur réussite à l'université nécessite des moyens humains et financiers qui vont au-delà des vœux incantatoires de pédagogie innovante ou du mirage du tout numérique, masquant mal l'intention de mettre en place, à l'instar du projet Devaquet de 1986, un filtre sélectif ne permettant pas aux jeunes de milieux les plus défavorisés d'accéder à l'enseignement supérieur. Les listes Résister, Rassembler, Reconstruire: Pour une université de service public, solidaire et démocratique sont porteuses d'une tout autre politique émancipatrice et de démocratisation pour la jeunesse.