Résister, Rassembler, Reconstruire: Pour une université de service public, solidaire et démocratique

[ listes soutenues par le SNESUP-FSU, FERCSUP-CGT, SNCS-FSU, SNES-FSU, SNUIPP-FSU, SNEP-FSU ]

Nous appelons toutes les électrices et tous les électeurs à choisir l'avenir de notre université, sachant que tous les votes sont importants et utiles pour refléter au mieux l'avis et la diversité des électeurs. Notre liste d'ouverture soutenue par une intersyndicale propose une autre vision de l'ESR plutôt qu'un aménagement à la marge d'une logique mortifère dont l'I-SITE est un symbole. Ne nous laissons pas confisquer notre expression par des calculs électoralistes.

Résister
Résister au leurre de la massification et de la spécialisation
Nous n’acceptons pas l'idée selon laquelle les fusions et les regroupements artificiels seraient la condition pour la survie de notre établissement dans une compétition internationale alors même qu’ils vont engendrer une privatisation et un appauvrissement progressif des établissements. Cette course à l'échalote est au contraire une erreur stratégique majeure qui peut mener à terme à la désorganisation voire à la destruction du service public d'enseignement supérieur et de recherche. Nous soutiendrons au contraire les collaborations volontaires ayant un sens pédagogique, scientifique et/ou administratif, en prenant toujours en compte également les intérêts des personnels et des étudiants. Comment pourrions-nous accepter des spécialisations dans notre recherche scientifique et/ou nos sites territoriaux qui ne reflètent pas l’hétérogénéité de nos savoirs faire et de nos compétences, toute la richesse d’une pluridisciplinarité et une diversité assumée et constructive ?
Refuser le dictat de la compétition et de l’évaluation
Nous ne laisserons pas les initiatives dites d’excellence, comme l’I-SITE pour la recherche scientifique ou la prime d’excellence pédagogique1 pour la formation, créer un climat délétère de concurrence et d’exclusion. Dans ce cadre, les outils d’évaluation mis en place depuis de nombreuses années doivent être minimisés pour laisser davantage de temps pour pratiquer la recherche et l’enseignement dans de meilleures conditions et pour participer à des débats constructifs au service de tous.
Combattre la précarité et l’instabilité
Dans un contexte national de pénurie de la dotation en ressources financières et donc en personnels, il n’est pas envisageable de mettre en œuvre une charte de la gestion des contractuels qui institutionnalise la précarité pour les différentes catégories de personnels dans les services, les composantes et les laboratoires, alors même que l’ensemble des tâches effectuées est nécessaire. Et ce ne sont pas les mesures de type GBCP et autres pôles de formation qui vont améliorer la qualité et l’efficacité des tâches à réaliser !

De même, les réorganisations successives sans concertation (CFOAD par exemple), parfois pour satisfaire les demandes de la hiérarchie, sont des facteurs de risques psycho-sociaux ; nous donnerons au contraire la priorité à la qualité de vie au travail en proposant une gestion plus intelligente et plus respectueuse.

Rassembler
Consulter tous les personnels sur les décisions engageant l'avenir de l'UB
Il est totalement anormal que les décisions qui engagent l'avenir de l'université, comme l'I-SITE ou la COMUE pendant cette mandature (et comme le passage aux compétences élargies lors de la précédente), n'aient pas fait l'objet d'une large consultation. Nous nous engageons à soumettre de telles décisions à tous les personnels, par exemple par voie référendaire. Dans les années qui viennent, d’autres orientations stratégiques majeures devront être décidées, notamment dans le cadre d'éventuels transferts au sein de la COMUE. Les personnels et étudiants ne peuvent pas systématiquement être les grands oubliés de ces réformes et leur avis devra être pris en compte.
Recréer les conditions du débat et du partenariat
De nombreux collègues ne savent plus comment ni où proposer leurs idées. Nous remettrons en place des commissions, lieux d'échanges et de débats (et non de simple diffusion de l’information ou d’enregistrement des décisions prises ailleurs), par exemple: commission à la pédagogie, commission paritaire d'harmonisation pour l'évaluation des PRAG et PCRE, commission sur l'accueil et la réorientation en L12. Cette liste, qui n’est évidemment pas limitative, sera enrichie par les personnels eux-mêmes en fonction des besoins de l'Université de Bourgogne. Chacun pourra solliciter les élus de ces commissions et y exposer ses problématiques et propositions dans le cadre d’un vrai débat démocratique.
Participer à un mouvement national de propositions alternatives
Nos listes sont soutenues par des organisations syndicales, atout majeur pour collaborer avec d'autres collectifs dans d'autres universités françaises. L'adossement à ces collectifs, par leurs analyses et les actions concertées qu'ils permettent, constitue une force dans les négociations avec le gouvernement pour obtenir les inflexions budgétaires nécessaires au fonctionnement de l'Université de Bourgogne. Il sera alors possible de faire valoir une augmentation des moyens récurrents pour toutes les universités françaises plutôt que de vouloir systématiquement imposer la recherche de fonds propres sous formes de transfert ou de valorisation, de formation courte ou de collecte de la taxe d’apprentissage.
Reconstruire
Promouvoir la coopération et la solidarité
Nous encouragerons systématiquement le partage pérenne de pratiques scientifiques, pédagogiques et administratives, permettant à chacun de s'inspirer des autres ou d'aider les autres dans l'exercice du métier. Nous privilégierons toujours la coopération à la compétition, la solidarité à l’exclusion. Il s’agit de réfléchir très en amont aux intérêts et aux incidences à long terme des propositions de mutualisation des formations, des laboratoires ou des composantes. Notre Université de Bourgogne doit éclairer les débats sur les grands enjeux de demain et, pour cela, mener des recherches et offrir des formations en phase avec son identité pluridisciplinaire tout en s’émancipant des injonctions socio-économiques et politiques. A ce titre, les seules contraintes financières ne nous semblent pas suffisantes pour justifier des réductions horaires, des mutualisations ou des fermetures forcées de formations.
Défendre la liberté de recherche (fondamentale ou appliquée)
Notre politique scientifique ne doit pas se borner pas à quelques domaines prioritaires aux dépens de tout ce qui fait la force et la richesse de notre université pluridisciplinaire. La concentration de moyens sur un nombre très restreint d'axes thématiques prioritaires est une perte de richesse et de diversité scientifiques. La solidarité et la coopération sont les moteurs de la recherche, qui la rendent libre au lieu de l'assujettir aux besoins uniquement locaux. Face à des demandes accrues d’innovation, de valorisation et de transfert technologique ou industriel, il faut garder une place importante pour notre recherche fondamentale, garante de progrès scientifiques majeurs et dont la qualité est internationalement reconnue.
Lutter davantage contre l’échec universitaire, notamment en L1
Les années à venir vont voir le nombre d'étudiants augmenter par simple effet démographique. La réponse actuelle par les capacités d'accueil n'est clairement pas une solution digne du service public puisqu’elle revient à s’abriter derrière une incapacité à accueillir un public de plus en plus important et hétérogène. L'accueil en L1 est non seulement un devoir (que vont devenir ces jeunes si on leur ferme la porte dès leur première demande ?), mais aussi une nécessité pour avoir suffisamment d’étudiants en Master et en Doctorat. La course à l'attractivité internationale est un leurre qui peut peut-être permettre à une élite de se reproduire, mais qui ne peut répondre aux besoins d’une région comme la nôtre. L'accent doit également être mis sur l'orientation et la réorientation, au-delà d'APB, ainsi que sur la construction de parcours s'appuyant sur les acquis3. Ces efforts ont un coût, mais est-il supérieur à celui des redoublements, des échecs et des sorties sans diplôme ? Rappelons aussi que le rôle de l'Université a toujours été d'aider les étudiants dans leur orientation et qu'une réorientation n'est pas synonyme d'échec4.

1 Voir notre réaction à l'annonce de ces prix.
2 Les étudiants en L1 sont de plus en plus nombreux, issus de cursus de plus en plus variés (bacs pro, bacs techno, ...). Les approches pédagogiques doivent s'adapter à cette nouvelle diversité.
3 Comme un étalement sur 4 ans ou une année 0 consistant en une formation générale adaptée à différents profils pour permettre une ré-orientation fructueuse à l'université ou ailleurs.
4 A ce sujet, on lira avec intérêt « L'université n'est pas en crise » de Romuald Bodin et Sophie Orange.