Le 18 novembre, dans la perspective du regroupement envisagé des universités de Bourgogne et de Franche Comté, le Snesup a organisé à Dijon une rencontre sur cette question.

Après une présentation du cadre général de cette politique par Marc Neveu, co-secrétaire général du Snesup (une synthèse est disponible en version pdf), des enseignants et étudiants ont apporté leur témoignage sur les conséquences de ces regroupements, fusion ou grand établissement.

Un accroissement des inégalités en Provence...

Présentée par Caroline Mauriat (Secrétaire académique du Snesup Aix-Marseille), la situation des trois universités provençales qui se sont regroupées sous la forme d'une fusion en 2012 a connu une nette dégradation:

  • Les regroupements ne permettent pas d'éviter les politiques d'austérité: la nouvelle université a connu une baisse de 20% des crédits de fonctionnement.
  • Les regroupements ont accentué les inégalités au sein du nouvel établissement. Les crédits sont attribués prioritairement aux équipes ou filières "sanctuarisées" (IDEX) et fait porter le poids de l'austérité sur d'autres filières en voie de paupérisation.
  • Le travail d'harmonisation des procédures administratives s'est traduit par une augmentation de la charge de travail des personnels.
  • Les nouvelles structures de décision (CA unique, etc.) induisent un réel déficit démocratique et une représentation moins fidèle de la diversité des personnels et étudiants.
... comme en Lorraine

Le regroupement des Universités de Metz et Nancy sous la forme d'un Grand établissement présenté par Jean Baptiste Bourdellon (Responsable de la section de Dijon pour le bureau National de l'Unef) aboutit à la même dégradation du service public, mais plus marquée encore:

  • La politique d'austérité a conduit à une mutualisation des dettes et au gel de 180 postes d'enseignants chercheurs sur les trois ans à venir.
  • Les filières jugées "compétitives" et pouvant rapporter des financements ont été survalorisées, ce qui pénalise tout particulièrement les sciences humaines.
  • Le statut de grand établissement accentue le déficit démocratique: des décisions peuvent être prises sans la consultation des personnels. La représentation des étudiants dans les nouvelles instances a été réduite au profit de personnalités extérieures (dont le représentant d'Arcelor Mittal !). Les petits sites ne sont pas entendus, les décisions sont prises sans eux et loin d'eux.
  • Le statut de grand établissement permet de modifier librement les frais d'inscription et, plus largement, les conditions d’accès à l'enseignement supérieur, ce qui laisse planer de réelles menaces sur l'avenir des étudiants.
  • De plus, la distance géographique entre les deux sites principaux pose de réels problèmes en terme d'offre de formation et de coût des études: Certains enseignements sont assurés certains jours à Metz et d'autres à Nancy; des formations sont assurées une année à Metz et l'autre à Nancy, ce qui contraint certains étudiants à déménager pour pouvoir poursuivre leurs études.
Quel avenir pour la Bourgogne et la Franche Comté ?

Les exemples provençaux et lorrains montrent que, quelle que puisse être leur forme administrative, les regroupements, loin de dynamiser les établissements, contribuent au contraire à l’accroissement des inégalités entre composantes et à une dégradation des conditions de travail des personnels et étudiants.

Le Snesup de de l'UFC reste extrêmement vigilant face à l'évolution de nos deux établissements. Il demande que les personnels et étudiants soient régulièrement informés de l'évolution du projet et qu'ils soient consultés lors de la présentation générale du futur regroupement.

Le Snesup s'interroge aussi sur les futures instances communes et demande que les membres du conseil soient élus et non pas cooptés parmi les membres des deux conseils d'administration existants.