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Le 2 décembre, Marc Neveu (co-secrétaire général du Snesup), Arnaud Le Ny (secrétaire national du Snesup) et Jean Baptiste Bourdellon (Responsable de la section de Dijon pour le bureau National de l'Unef) sont venus exposer la politique d'austérité menée par le gouvernement et ses conséquences dans l'Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR). En voici un résumé.
Il faut bien comprendre deux choses à propos des déficits actuels des universités.
Tout d'abord, ils sont structurels: la fameuse "autonomie des universités" et les Responsabilités et Compétences Elargies (RCE) ont déplacé des compétences du ministère de l'ESR vers les universités. Cependant, les dotations de l'Etat ne suffisent pas à couvrir ces nouvelles compétences1
Ensuite, cette mise en difficulté financière n'est pas une difficulté d'ajustement temporaire, mais une volonté du gouvernement, à la suite du précédent, pour forcer des restructurations dans les universités.
Certaines universités sont déjà en déficit, d'autres le seront prochainement et tentent de retarder l'échéance par tous les moyens possibles:
- épuisement des fonds de roulement,
- gels de postes2,
- baisse des dépenses d'investissements, par exemple en ne maintenant plus des salles de TP aux normes de sécurité,
- bricolages divers, comme le paiment d'heures de CM en TD,
- suppression de formation, diminution des volumes horaires, mutualisation de parcours, suppression de semestres de formation décalés, semestres de 10 semaines, ...,
- des heures de TP "en autonomie", c'est-à-dire sans encadrant,
- chauffage intermittent,
- sacrifice de certaines thématiques ou disciplines pour favoriser d'autres jugées plus rentables ou innovantes; ces choix sont appuyés par les régions.
Il est difficile d'avoir des chiffres sur toutes ces mesures.
Il est important de noter que les personnels sont poussés à effectuer eux-mêmes les coupes dans les formations, pour espérer les maintenir, en acceptant même pour cela de donner des cours bénévolement...
Le décret statutaire dont le projet vient de sortir maintient la modulation de service. C'est en effet l'un des moyens de faire des "économies" pour les universités, en imposant des charges d'enseignement supplémentaires aux Enseignants-Chercheurs.
La Ministre pousse le cynisme jusqu'à proposer de former à l'ENA les présidents d'universités. Quand on voit le résultat de la gestion publique par les énarques, ...
"L'Etat n'investit plus pour sa jeunesse."
La libéralisation et les mesures d'"économies", si elles ne sont pas enrayées, mèneront à une augmentation des frais d'inscription3.
Avec un chômage des jeunes à 25%, le diplôme reste le seul atout pour trouver un emploi. Les étudiants sont résignés.
Le système SYMPA4, mis en place en 2007/2008, a sous-doté certaines universités en en sur-dotant d'autres. Ce système consiste à financer une offre de formation au lieu de financer une réponse à des besoins en formation.
Une revendication largement partagée: l'Etat doit financer les salaires.
Les filières doivent être financés de façon égalitaire.
On parle de "mutualisation" mais en fait on "dé-mutualise", par exemple pour les paiements des salaires.
Le ministère flèche des postes pour la recherche de financements, au détriment de postes d'Enseignants-Chercheurs.
Il s'agit d'orientations dogmatiques: La Cour des Comptes et la Ministre elle-même reconnaissent que les RCE favorisent la dégradation de l'ESR, mais on continue; la Cour des Comptes note que les regroupements dans les PRES n'ont pas eu les effets attendus, mais on continue avec les regroupements d'universités.
Cependant, il commence à y avoir quelques frottements et résistances sur lesquels s'appuyer:
- la motion proposée par 17 présidents d'universités,
- la remise à plat fiscale, qui pourrait, enfin, être l'occasion d'une diminution du CIR,
- la période de vote des budgets dans les universités est l'occasion de voter des motions pour protester contre cette austérité imposée.
Pour aller plus loin, on consultera utilement le dossier Austérité et on diffusera le 4-pages prochainement disponible en papier dans notre section.
Il est aussi envisageable de manifester devant le Conseil d'Administration du 18 décembre sur le budget.
A l'UB, l'austérité a été un temps déniée car la direction pensait y échapper grâce au regroupement avec l'Université de Franche-Comté. L'austérité est maintenant reconnue. Il faut dire qu'il est difficile de ne pas la voir tant ses effets se font déjà sentir: 27 postes gelés pour 2014, des CM payés en TD, des capacités limités dans certaines formations mises en place à la rentrée prochaine, ...