Ce communiqué se veut être une contribution au débat qui ne peut se résumer à être pour ou contre le Front National. Nous avons toujours été farouchement opposés au Front National, mais il serait dommageable de laisser ceux qui l'ont amené aux portes du pouvoir récupérer cette opposition pour faire oublier leurs propres responsabilités dans cette situation.

Le Président de l'uB, Alain Bonnin, au lendemain du premier tour des présidentielles, a publié un communiqué appelant les étudiants et personnels à faire barrage au FN. Au-delà de la publication d’une telle expression, c’est l’envoi d’un courriel à tous les personnels et les étudiants qui est choquant. Peut-on utiliser la boîte électronique des personnels pour une information politique ? Cette pratique n'a rien à voir avec une information syndicale, qui elle est admise par la loi.

Nous, personnels de l'UB, n'avons pas de conseils et encore moins de consignes à recevoir de la part du Président ès qualités. Nos syndicats n'ont pas attendu pour combattre les idées du FN depuis fort longtemps, tant par des prises de position publiques que par des actions concrètes.

Quelle est la légitimité d'un président d'université à se poser en directeur de conscience et de morale au nom des "valeurs universelles et humanistes" qui seraient alors bafouées en cas d'élection de la candidate du FN ?

Quelle est cette manière de concevoir la vie démocratique que d'appeler les personnels et étudiants de l'UB à voter comme le pense la présidence ? Cette injonction paternaliste ridiculise son auteur plus qu'elle ne l'honore, et celui-ci serait mieux avisé de respecter l’obligation de discrétion professionnelle à laquelle il est tenu en tant qu'agent de la fonction publique.

L’Université, doit-on le rappeler, est un lieu de savoirs, d'échanges et de construction du citoyen libre et éclairé, un lieu de connaissances et de réflexions (dans toutes les sciences, y compris sociales, politiques et historiques…) et ne peut en aucun cas être érigé en lieu d'imposition d'une position politique unique.

Dans le contexte d'austérité qui frappe l'ESR, et dont une grande part est due aux politiques libérales des gouvernements depuis au moins 2009, la présidence serait bien plus avisée de prendre conscience des difficultés liées à sa propre gestion budgétaire, qui met en péril la construction du savoir et de l’esprit critique.

Enfin, un président d'Université qui se permet de tels courriels est-il dans son rôle de garant de la liberté d'opinion des personnels, ou indique t-il déjà la seule voie d'avenir pour l'ESR ? N'est-ce pas là un aveu d'autoritarisme et de vision unique bien malvenue, mais tellement illustrative de ce que la présidence entend faire de notre université?

FERC-Sup CGT, SNESUP-FSU, SNCS-FSU