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Cher collègue VP délégué au numérique,
Par un message transmis le 2 septembre dernier à l’ensemble de notre communauté universitaire, vous nous avez informé de l’acquisition par l’université de Bourgogne d’une licence globale pour le logiciel Wooclap, « outil » qui selon vos mots doit permettre de « capter l’attention des étudiants ».
Nous nous étonnons de votre message, qui s’apparente à un envoi publicitaire tout à fait contestable plutôt qu’à un texte informant réellement notre communauté des possibilités et limites de ce type de logiciel. La brève vidéo sur Youtube qui accompagne votre envoi présente en effet l’enseignement à l’université de façon caricaturale, avec un enseignant soporifique et des étudiants qui baillent d’ennui. Est-ce le rôle d’un service universitaire de véhiculer ainsi – pour ouvrir un marché à des entreprises privées – une image stéréotypée et désobligeante de nos enseignements déjà si décriés, et de façon si injuste, dans les médias ? Par ailleurs votre message reprend purement et simplement, sans aucune distance critique, les arguments diffusés par les fabricants de ce type d’outil censé « capter l’attention », « consolider l’apprentissage », « susciter la participation et engager (sic) les étudiants », ou encore « mesurer la compréhension des étudiants continuellement et donner du feedback » (re-sic). Le smartphone devrait devenir un « outil d’apprentissage exceptionnel », la pédagogie se doit d’être « amusante » et à base de QCM !
Sur quoi reposent ces affirmations ? Alors que nous sommes tous de plus en plus débordés et accaparés par des tâches multiples entre l’enseignement, la recherche et l’administration, est-il vraiment essentiel d’ajouter encore un temps précieux à prendre en main ces logiciels numériques dont l’efficacité n’a à ce jour jamais été démontrée ?
Alors que les MOOC sont un échec et que la plupart des universités y renoncent, que les enquêtes scientifiques révèlent chaque jour un peu plus les ravages de l’exposition massive aux écrans, la mission de l’Université est-elle de s’en remettre toujours plus à ces outils pour compenser les problèmes d’attention eux-mêmes largement produits par la généralisation des écrans et smartphones ces dernières années ? A tous les niveaux de l’enseignement nous assistons à un raz-de-marée de promesses et d’investissements dans le numérique, alors même que les avantages et apports pédagogiques de ce type d’équipement n’ont jamais été réellement démontrés, sans même parler du coût énergétique et environnemental de ces objets et infrastructures. Si vous en doutez, nous nous permettons simplement de vous renvoyer à la lecture du livre du chercheur en neurosciences Michel Desmurget, qui repose sur la synthèse de plus de 1500 études scientifiques : « La fabrique du crétin digital »[2].
En cette période d’austérité budgétaire, il est affligeant de constater que l’université de Bourgogne préfère investir dans ce type de gadget et communiquer massivement à leur propos plutôt que de financer des heures de cours. Permettez-nous donc de nous étonner de votre message, et de vous demander de nous communiquer le coût de l’acquisition de cet outil, ainsi que les études indépendantes démontrant son véritable intérêt pédagogique.
Nous vous prions d'agréer, cher collègue, nos respectueuses salutations.
Le SNESUP-FSU