La FSU, comme de nombreuses organisations syndicales dans la fonction publique comme dans le privé, appelle à entrer en grève à partir du 5 décembre, pour refuser la réforme des retraites que le gouvernement souhaite imposer.



Les réformes de notre système de retraites se succèdent depuis plus de 30 ans et visent un recul de l'âge de départ à la retraite, des conditions toujours plus dures pour bénéficier d'un taux plein, des pensions toujours plus faibles.

Cette fois encore, il s'agit de reculer l'âge de départ à 64 ans, puis 65 ans, ... quand l'espérance de vie en bonne santé n'est que de 62 ans pour les hommes et 64 ans pour les femmes, et qu'en plus le chômage de longue durée des 55-64 ans dépasse les 60%.

Cette fois encore, il s'agit de diminuer la pension en prenant en compte l'ensemble de la carrière pour le calcul, au lieu des 25 meilleures années dans le privé et des 6 derniers mois dans le public. Ainsi, seront incluses dans le calcul toutes les périodes non travaillées (chômage, congé maladie, congé sans solde, congé maternité, congé parental...) ou travaillées avec un salaire bas, ce qui dégradera notamment le montant de la pension des femmes. Les agents non titulaires qui enchaînent des CDD parfois entrecoupés de périodes de chômage, les vacataires administratifs ou enseignant·es, les enseignant·es-chercheur·ses dont les carrières commencent tard seront particulièrement touché·es. Les fonctionnaires et contractuel·les dont la carrière est progressive avec des salaires très bas en de début de carrière seront aussi défavorisé·es. Pour les personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche, les pertes du montant de la pension seront de l’ordre de 20% à 40% selon les catégories.

Le nouveau calcul du montant des pensions de retraite prendra en compte la totalité des primes, ce qui est censé atténuer partiellement la baisse de ce montant due à la prise en compte de toute la carrière. Or les primes des personnels de l’éducation nationale, et plus encore des personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche sont parmi les plus basses de toute la fonction publique.

Cette réforme se distingue pourtant des précédentes car elle vise à mettre en place un système à points, la valeur du point étant ensuite une variable d'ajustement pour le gouvernement (comme l'expliquait François Fillon devant des patrons). Sachant que la réforme implique que la part du PIB attribuée aux pensions soit fixe, ces dernières diminueront donc au fur et à mesure que le nombre de retraités augmente sans que le PIB croisse suffisamment (ce qui est plus que probable). Dans ce nouveau système, l’idée que les pensions doivent préserver le niveau de vie des retraité·es est abandonnée.

Plus fondamentalement, cette réforme marque un tournant en ce que les retraité·es ne seront plus considéré·es comme produisant des richesses et touchant pour cela un salaire qui est la continuation de leur salaire précédent. Au contraire, ils et elles ne seront plus considéré·es que comme ayant, à une période, produit de la valeur et c'est seulement à ce titre qu'ils et elles auront droit à une pension.

Cette déconsidération est particulièrement injuste puisque le fait d'avoir produit de la valeur dans le passé dépend largement de la situation économique et des opportunités professionnelles non maîtrisées par les individus à cette époque.

Par ailleurs, c'est promouvoir une vision étriquée de l'activité humaine, en ne reconnaissant comme travail que ce qui crée de la valeur économique. Imagine-t-on un seul instant le fonctionnement de notre société sans la contribution des retraités ? C'est cette participation, cette richesse, que reconnaît la retraite comme salaire continué. Le passage au système par points et au salaire différé nie cette réalité et conforte l'idée martelée quotidiennement que seul l'emploi subordonné au capital peut s'appeler «travail». D'autres pistes sont pourtant envisageables comme l'augmentation des cotisations patronales à la place des dividendes.

Les enjeux de cette réforme vont donc bien au-delà des durées de cotisation et des montants des pensions. Seule une mobilisation massive permettra de remettre en cause la réforme des retraites et surtout interroger le sens du travail dans une société confrontée à l'urgence climatique.

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