Face à la situation exceptionnelle que nous vivons, nous demandons la protection maximale des personnels et étudiant·es. Les enseignant·es, enseignant·es-chercheur·es et Biatss, font déjà beaucoup pour maintenir les services vitaux et accompagner, dans la mesure de leurs moyens, les personnels et les usager·es à traverser cette période si difficile et inédite. Alors que nos énergies sont tournées vers nos proches et la solidarité au quotidien, il nous faut continuer d'être vigilant·es sur les conditions d’enseignement, de recherche, d’étude et de travail des étudiant·es et des personnels et sur les choix faits dans notre université.

« Discontinuité pédagogique »

Même si nous subissons tou·tes la situation actuelle, les conditions de travail en confinement sont très disparates (maladie, stress, garde d’enfants, outils informatiques inadaptés…) et font courir le risque d'un accroissement des inégalités. Dans ce contexte, il nous semble essentiel d'interroger la supposée « continuité pédagogique », de prendre en compte la diversité des situations sociales et d'accès à internet des plus fragiles, en dépit des discours rassurants. Nous mettons en garde contre toutes les injonctions autoritaires dont pourraient faire l’objet certain·es de nos collègues et certain·es étudiant·es dans le cadre de cette « continuité pédagogique » contestable et contestée, tant elle exacerbe les inégalités. 

Évaluation et délivrance des diplômes

L’urgence est de rassurer et d’informer les étudiant·es légitimement inquiet·es face aux décisions prises et d’éviter au maximum tout traitement inégalitaire. Il semble en effet difficile d’envisager une évaluation des connaissances tant que les conditions d’égalité de traitement des étudiant·es ne sont pas constatées et garanties. Les modalités d’évaluation ne peuvent ignorer l'inévitable rupture pédagogique. Attendons au moins les résultats du questionnaire sur les conditions de vie et de travail que la présidence de l’université de Bourgogne a lancé, même tardivement1.

Nous formulons en conséquence quelques principes généraux :

  • ne pas imposer systématiquement des épreuves à distance dont les conditions d’égalité et de sérénité ne sont absolument pas remplies ;
  • selon les cas, pour les évaluations, choisir entre plusieurs possibilités compte tenu de la diversité des situations entre départements, après échanges au sein des équipes pédagogiques (afin d'éviter tout effet de contrôle hiérarchique) : notes de contrôle continu pour le semestre, principe du « 10 améliorable », neutralisation du semestre et discussions sur les modalités du rattrapage, évaluation effectuée uniquement sur la partie effectuée en présentiel, etc. Au vu des circonstances, ces décisions doivent être prises en concertation avec les étudiant·es et doivent se faire au profit de ces dernier·es ;
  • une attention redoublée envers les étudiant·es handicapé·es et étudiant·es étranger·es soumis·es à des contraintes renforcées.
Tenue des conseils

Durant cette période et pour faire face aux nombreuses questions qu’elle soulève, des réunions des conseils (CT, CHSCT, CA, CFVU, CAC) se tiennent à distance, la présidence de l’université y présentera sans doute une déclinaison locale (interprétative) des dispositions prises par ordonnances, notamment l’ordonnance n°2020-347 du 27 mars 2020.

En conséquence, nous demandons à ce que les instances délibératives de l’université de Bourgogne soient associées à toutes les décisions prises concernant les étudiant·es et l’ensemble du personnel. Le problème se pose dans notre université pour la CFVU qui n'a pu être installée. Nous demandons la plus grande transparence sur la procédure de délégation de pouvoir.

Parcoursup

Nous continuons à dénoncer ce système qui instaure une sélection inacceptable à l'entrée à l'université et renforce les inégalités d'accès à l'enseignement supérieur. Malgré la situation de confinement due au coronavirus, le calendrier Parcoursup est maintenu sous prétexte que la procédure est totalement dématérialisée. Les élèves avaient donc jusqu’au 2 avril pour compléter leur dossier avec des documents demandés par certaines formations (CV, lettres de motivation, …) et confirmer leurs vœux. Dans les filières sélectives, nous appelons nos collègues à examiner les dossiers avec « bienveillance » et attirons l’attention sur les inégalités sociales qu’engendrent les oraux en visioconférences ou par téléphone. Concernant les licences, nous réaffirmons la nécessité de ne pas classer les dossiers, pour permettre l’accès à tous et toutes à l’enseignement supérieur dans la filière du choix de l’élève.

Position administrative des personnels et étudiant·es

Les personnels Biatss ont été placés soit en travail à distance, soit en Autorisation Spéciale d'Absence si le travail à distance est impossible. Nous avons fait part à la Présidence des nombreuses dérives dont sont victimes les personnels Biatss : obligation de travailler et d'installer Teams sur son ordinateur personnel, pression sur les congés de printemps et même d'été, etc. Nous n'avons pas obtenu de réponse satisfaisante. Nous demandons que la Présidence envoie une note à tout·es les chef.fes de service afin que les informations soient les mêmes pour tous les personnels. Dans de nombreuses universités, le choix plus logique a été fait d'une fermeture administrative durant une semaine des congés de printemps (celle où le jour férié tombait, lundi de Pâques ou 1er mai selon les zones, donc 4 jours de congés déduits). Nous avons demandé à ce que l'UB fasse de même, mais la Présidence en a décidé autrement : l'ensemble des personnels BIATSS de l'UB doit prendre 5 jours de congés (proratisés si temps partiel) dans la période du 20 avril au 15 mai 2020.

Concernant la validation des services d'enseignement prévus pendant la période de confinement, nous défendons, comme ailleurs, la validation intégrale des services programmés dans les emplois du temps de période de confinement pour tou·tes les enseignant·es qu’ils/elles soient vacataires ou titulaires, que ces services prennent une forme alternative à distance, qu'ils soient déplacés après le déconfinement ou annulés par impossibilité de les réaliser. Nous mettons en garde contre toute forme de contrôle qui ne dirait pas son nom.

Concernant les stages, dans son communiqué du 6 avril 2020, la Présidence maintient « sa décision du 18 mars par laquelle tous les stages sont suspendus, à l’exception de ceux pouvant se dérouler en télétravail. » Cette décision de suspension pose néanmoins la question du versement des gratifications de stage pour les étudiant·es qui en bénéficiaient. Par ailleurs, cette décision a été prise sans consultation de la CFVU, ce qui semble contraire aux règles fixées par ordonnance.


1 Selon l’ordonnance n° 2020-351 du 27 mars 2020 relative à l'organisation des examens et concours pendant la crise sanitaire née de l'épidémie de covid-19, il est stipulé page 41 que « S’agissant des épreuves des examens ou concours, les adaptations peuvent porter sur leur nombre (qui peut être réduit), leur nature, leur contenu, leurs conditions d’organisation (par exemple, en remplaçant des épreuves en présentiel par des épreuves à distance) ou leurs coefficients. Afin de respecter l’égalité de traitement entre les candidats, l’autorité compétente doit s’assurer que l’ensemble des candidats bénéficient de conditions identiques. Ainsi, par exemple, si les épreuves sont dématérialisées, il conviendra de s’assurer que l’ensemble des candidats ont accès aux mêmes moyens, notamment informatiques ou électroniques, pour y participer. »

SNESUP-FSU FERC-Sup CGT UNEF SNASUB-FSU