Tou·tes les enseignant·es de l’Université de Bourgogne ont reçu le 11 mai un message d’A. Fournier, vice-président délégué « aux campus numériques, aux systèmes d’information et aux sources ouvertes », qui a suscité beaucoup d’insatisfaction et une colère légitime. Ce message prétendait imposer la signature d’une autorisation de collecte des données personnelles pour tout examen organisé au moyen d’une plateforme numérique. Sa prompte rectification, sous la même signature, montre à tout le moins le caractère improvisé et mal venu de l’initiative. Elle ne répond à aucune des questions sérieuses posées par ce message, tant sur l’opportunité que sur le fond.

A quelques heures d’une CFVU vouée précisément à la discussion des modalités d’examens, le moment pour l’envoi de ce message était d’autant plus mal choisi que de nombreux travaux d’étudiant·es ont déjà été collectés par le biais des plateformes numériques depuis le début du confinement, et même depuis bien plus longtemps : faut-il en déduire qu’ils sont non avenus ? Par ailleurs, est-il raisonnable d’imposer une manipulation aussi lourde à deux semaines du début des épreuves terminales modifiées, alors qu’enseignant·es et secrétariats croulent sous les urgences ?

Mais les problèmes les plus graves relèvent de la liberté de chaque collègue et de chaque étudiant·e face à des produits dépourvus de tout caractère public et de toute garantie crédible, que personne ne doit être contraint d’installer sur son ordinateur, alors qu’il existe des alternatives. La position du vice-président Fournier et du président Thomas est qu’un·e étudiant·e qui refuserait de signer le document exprimant son consentement à la collecte de ses données personnelles perdrait le droit à passer l’examen : une telle affirmation est grave et profondément attentatoire à notre mission de service public, elle témoigne d’une tendance croissante à vouloir imposer des outils et des procédures numériques plus que contestables. En ces temps de crise où s’accélèrent les processus de numérisation engagés depuis déjà de longues années, et dont Alexandre Fournier est l’un des acteurs dans notre université, il convient de garder une distance critique et de réfléchir aux effets à long terme de ce qui se met en place actuellement.

Par ailleurs, nous sommes tenus vis-à-vis des étudiant·es par une charte des examens où le document de mai 2020 n’a jamais figuré.

L’argument de la présidence est qu’il convient de se protéger contre les recours. Nous affirmons que l’imposition de l’attestation composée par A. Fournier serait au contraire la garantie d’être confrontés à des recours nombreux — et à notre sens légitimes.

Nous ne pouvons accepter que le seul moyen de valider un enseignement soit le recours à un instrument comme « Microsoft Teams ». Les failles de confidentialité de tels systèmes sont bien connues. Les certifications de complaisance accordées par des organismes gouvernementaux incapables de résister au diktat des GAFAM ne sauraient évidemment rassurer personne.

Nous exigeons que la liberté de chacun·e soit respectée et que, partout où le recours à une plateforme numérique privée ne sera pas écarté, une forme d’examen alternative soit proposée.

SNESUP-FSU FERC-Sup CGT