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Alors que s’achève un second semestre perturbé par la crise sanitaire, nous souhaitons réaffirmer collectivement ce que nous voulons pour l’avenir : un service public de l’enseignement supérieur, ouvert et accessible à toutes et tous, reposant sur des relations pédagogiques directes entre personnels et étudiant·es, et dont les moyens sont à la hauteur des défis que posent les crises que nous traversons (écologique, sociale, économique). Nous témoignons de notre inquiétude pour la rentrée 2020 face à la reprise des projets de réformes, à la précarité grandissante au sein de la communauté universitaire et à la numérisation poussée sans réflexion par nos hiérarchies.
Avec le déconfinement, le mouvement contre la loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR) reprend partout en France et pour cause : le gouvernement a mis sur la table un projet de loi pire que ce que nous combattons depuis décembre. Dans une volonté d’aller vite au mépris du temps démocratique nécessaire, sous couvert d’une revalorisation par primes de quelques statutaires, cette LPPR accroît la précarité des carrières et les inégalités entre pôles et entre chercheuses et chercheurs. Elle confirme le tarissement des moyens pérennes des équipes de recherche. Elle s’inscrit dans la continuité des réformes des dernières années (LRU, Parcoursup, Bienvenue en France…) qui organisent la casse de l’Université publique et s’obstinent à en faire un bastion réservé à une minorité, en réduisant les moyens, en instituant une sélection à l’entrée et en augmentant les frais d’inscription. Le Conseil Economique Social et Environnemental (CESE) a d’ailleurs rendu un avis négatif sur ce projet le 24 juin dernier, soulignant les besoins en moyens et en indépendance des équipes de recherche mis à mal par la réforme !
Une LPPR ambitieuse est possible en concertation avec les membres de la communauté de l’enseignement supérieur et de la recherche :
- par exemple en redirigeant l’argent du Crédit Impôt Recherche pour des financements stables et publics de la recherche ;
- en laissant les logiques scientifiques présider aux choix des orientations de recherche et à l’évaluation par les pairs ;
- en recrutant massivement des personnels pour assurer un service public de qualité, partout sur le territoire…
Les collectifs de précaires sont très mobilisés depuis plusieurs années et dans le mouvement social actuel. Défendre l’Université publique rejoint pour ces collègues la défense de leurs conditions d’emploi, ainsi que celles de leurs collègues statutaires, du fonctionnement de l’Université et de la réussite des étudiant·es. Se battre pour des moyens et des postes est aussi une question de survie au quotidien. Les revendications sont nombreuses : la mensualisation du paiement des vacations ; la prolongation des contrats temporaires (doctoraux, CDD…) dont les activités ont été interrompues durant la période de confinement ; l’ouverture de postes statutaires dans l’administration, l’enseignement et la recherche, mais également de postes d’ATER ou de contrats reconnus et renouvelables (parce qu’il y a des besoins urgents, notamment pour faire face à la démographie étudiante…).
La précarité touche aussi de plein fouet les étudiant.e.s qui voient leurs ressources diminuées par les coupes faites dans les politiques sociales (CROUS, APL…). Parallèlement, le nombre de formations payantes augmente dans le public, et les frais de scolarités des étudiants internationaux explosent. Parcoursup exclut des jeunes diplômé·es et les renvoie vers un marché du travail dégradé ou vers une offre de formation privée et chère. Enfin, celles et ceux qui doivent se salarier durant leurs études seront les plus fragilisé.es par la crise économique actuelle. Nous ne voulons pas d’un ESR réservé aux riches ou aux endetté·es et qui accroît les inégalités sociales! Nous savons que la précarité étudiante tue! Il est donc urgent d’assurer l’ouverture de l’Université à toutes et tous et de sanctuariser la gratuité des études, ce qui implique non seulement l’absence de coût d’inscription pour les étudiant·es, mais également l’augmentation des aides pour le logement et l’équipement.
Avec le confinement, personnels et étudiant·es, nous avons « fait avec » le distanciel et les outils numériques. Cela nous a demandé un travail supplémentaire, a dégradé nos relations pédagogiques et de recherche, a réduit notre capacité à enseigner et apprendre, a plongé certains d’entre nous dans de grandes difficultés psychologiques et matérielles… Ce constat n’est pas seulement lié aux difficultés et inégalités d’accès à l’équipement et aux connexions. De fait, la « numérisation » appauvrit les relations pédagogiques à plusieurs titres. D’abord, elle est un mot d’ordre depuis longtemps des politiques des établissements d’enseignement. Elle suscite des dépenses importantes aux dépens d’autres postes budgétaires (postes, formations…). Ensuite, elle monopolise ce que nos hiérarchies administratives entendent par « innovation pédagogique ». Or en se focalisant sur la question de l’accès technique et de l’offre de formation, elle détourne des questions principales : celles de la relation apprenant·es/enseignant·es, des conditions d’apprentissage, de l’acquisition de capacités critiques et de savoir-faire pratiques. En outre, elle accroît la dépendance de l’Université à des marchés privés. Elle met en danger la protection des données personnelles et celles des contenus pédagogiques et de recherche. Pour nous, les salles de cours, les amphithéâtres, les bibliothèques doivent être ces lieux ouverts, de mise en dialogue, de confrontation des idées, de montée en généralité, de problématisation collective… Tout ce que ne permettent pas les outils numériques, surtout quand ils deviennent les objets centraux des préoccupations de nos établissements et de leurs investissements.
Si vous souhaitez discuter des revendications et préparer différentes modalités d’action pour
la rentrée, nous prévoirons des rencontres entre nous dès que possible :
universitedijonmobilisee@framalistes.org
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