Nos organisations syndicales prennent acte des dernières déclarations du Président de la République (interview sur le média Brut le 4 décembre dernier) concernant la réouverture progressive des universités à partir de janvier 2021.

Les déclarations antérieures laissant présager une reprise de l’ensemble des enseignements en présentiel au mois de février ont suscité de nombreuses protestations dans la communauté de l’enseignement supérieur et de la recherche alors que les lieux de cultes et les commerces sont d’ores et déjà autorisés à reprendre leurs activités dans le respect des normes sanitaires. Nous rappelons par ailleurs que d’autres lieux de formation (premier et second degré, sections de techniciens supérieurs, classes préparatoires, etc.) ne sont jamais passés au distanciel ; ce traitement inégal suscite une légitime incompréhension.

II ne peut s’agir que d’un manque de confiance manifeste dans une génération déjà dangereusement fragilisée, et d’une preuve supplémentaire de mépris vis-à-vis de l’Université et de ses acteurs dans leur ensemble. Les étudiants, déjà en grande précarité depuis de nombreuses années, sont durement touchés par ce deuxième confinement : perte de revenus liés aux « jobs étudiants », sentiment d’isolement et décrochage scolaire affectent nombre d’entre eux. Tous les premiers rapports de santé publique en témoignent : leur niveau de détresse psychologique a atteint des seuils inquiétants, non seulement en première année, mais à tous les autres niveaux de la formation jusqu’au doctorat.

Sur le front pédagogique, ce confinement produit des phénomènes massifs de démotivation, de perte de sens et de surmenage annonçant un décrochage à tous les niveaux. Malgré les dispositifs mis en place par notre université (ouverture de la bibliothèque universitaire, mise à disposition de salles informatiques, aides sociales, continuité du service de médecine universitaire…), rien ne remplace la rencontre et l’échange en présentiel sur nos campus, condition d’un enseignement de qualité et vecteur essentiel de lien social. De plus, la surcharge de travail engendrée est également très conséquente pour les enseignants avec la rédaction de supports complémentaires, les échanges supplémentaires engendrés par la distance, la difficulté à maintenir le lien également entre collègues, et la part du travail administratif décuplée… Il en résulte un ralentissement des activités de recherche pour les enseignants-chercheurs.

Nous ne saurions par conséquent accepter que l’Université continue, dans l’indifférence générale, de fermer ses portes à l’immense majorité des étudiants en s’en remettant à des enseignements à distance qui montrent leurs limites. Aussi appuyons-nous la demande d’autoriser la reprise des enseignements en présentiel au début du second semestre du communiqué intersyndical du 2 décembre. Le retour plein et entier des étudiant·es comme des personnels doit s’organiser dès maintenant dans des conditions sanitaires sûres dont la mise en place est de la responsabilité du gouvernement. Des solutions existent : mise à disposition de tests et de matériel sanitaire, aération des locaux, réquisition de locaux, dédoublement des groupes, réduction des effectifs et salles permettant le respect des distances physiques, et recrutement en nombre de personnels statutaires comme cela a été fait dans d’autres pays. Ces solutions imposent que le budget des établissements soit revu à la hausse. Le choix d’un enseignement dit hybride ou comodal ne peut en revanche être une solution ni une réponse à la situation, alors que la généralisation des « solutions numériques » a montré ses limites et menace l’avenir de l’institution universitaire.

Jusqu’à aujourd’hui, le MESRI est resté sourd à ces demandes d’un plan d’urgence plus que jamais nécessaire. Nous demandons donc que tous les moyens budgétaires soient mis en œuvre afin de permettre aux universités d’assurer ce fonctionnement en présentiel dans le respect des règles sanitaires, en faisant confiance dans la responsabilité collective des enseignants, des personnels et des étudiants.

SNESUP-FSU FERC-Sup CGT FO-ESR