Depuis cette année, la procédure d'attribution des primes a été modifiée dans le cadre du nouveau régime indemnitaire des personnels enseignants et chercheurs (RIPEC1). Il revient désormais aux universités de proposer des évaluations « disciplinaires » et « institutionnelles », en plus de celles réalisées par le CNU.

Les universités ont été informées très tardivement de ces nouvelles procédures, dans un calendrier extrêmement contraint, voire totalement intenable. Destinataires d'un courriel de la DRH-enseignants nous enjoignant à évaluer les dossiers des collègues postulant à cette prime, par ailleurs durant les vacances, nous condamnons fermement cette procédure qui ne permet pas de garantir une attribution équitable de cette prime pour un certain nombre de raisons que nous souhaitons rappeler :

Ces différentes raisons ont déjà été exposées par de nombreux collègues siégeant dans les CAC de plusieurs universités, elles nous empêchent de procéder au travail d'évaluation demandé, travail par ailleurs uniquement consultatif puisque la décision finale revient aux présidents d'université. Toutefois et afin de ne pas pénaliser les nombreuses et nombreux collègues qui ont demandé cette prime, et pour éviter des catastrophes en termes de relations humaines dans nos laboratoires et départements (car des comptes seraient susceptibles d'être « réglés » dans une telle procédure), nous avons proposé - comme cela a été fait par des élus Snesup-FSU d'autres universités - que notre université saisisse des avis uniformes « favorable » pour tous les dossiers, et que la commission s'en remette aux avis CNU. Cette demande a été refusée.

Rappelons que les positions du Snesup-FSU sont extrêmement claires concernant les primes. Nous demandons à ce que les augmentations de revenus soient intégrées aux salaires et pas sous forme de primes, mais il est hors de question d'« ostraciser » les collègues qui postulent à des augmentations substantielles de leurs revenus (inutile de rappeler le blocage des salaires de la fonction publique depuis plus d'une décennie).

Rappelons également que cette prime (volet 3 du RIPEC) est le premier pas d'une individualisation des rémunérations des EC, sur le modèle du RIFSEEP que connaissent les personnels BIATSS depuis quelques années : l'expérience qu'ils en ont faite le montre, cette attaque statutaire aboutit à mettre en concurrence les personnels, tendant à limiter les coopérations et à casser les collectifs de travail. Les collaborations indispensables à l’enseignement supérieur et à la recherche seront de fait fragilisées. La politique d'individualisation des rémunérations contourne le statut général, réduit la part de la rémunération indiciaire, sape le financement de la protection sociale, divise les collègues, les met en concurrence les un.e.s entre les autres et accroît la souffrance au travail.

Cette nouvelle mesure impose un système complexe qui alourdit encore la charge des collègues qui siègent dans les instances locales et nationales, c'était annoncé et c'est ce à quoi nous assistons. Malgré l'opposition à ce système de rémunération, il est tout à fait cocasse que nous ayons désormais à gérer ses effets pervers annoncés et son organisation dans l'urgence.

Nous demandons au minimum que les instances centrales de notre université, ainsi que France Université (ex CPU), fassent remonter aux ministères nos plaintes à l'égard de ces procédures bureaucratiques inacceptables. Nous exigeons par ailleurs que pour l'année prochaine des procédures plus transparentes, claires soient instaurées, et en tout état de cause nous demandons que ces missions restent confiées aux sections CNU qui sont les plus à même de réaliser ces tâches d'évaluation de façon sereine et transparente. Aux personnes désignées pour rapporter sur les dossiers de leurs collègues, nous tenons à rappeler que cette tâche n'est en aucun cas une obligation. Vous pouvez donc la refuser.

Les élues et élus des listes Résister-Rassembler-Reconstruire.


1 Rest In Peace Enseignant-Chercheur.