L'université française vit une rentrée particulèrement difficile avec un budget national inférieur de 850 millions d’euros à celui de 2009, ce qui correspond au montant des sommes distribuées annuellement au titre des «programmes d’avenir». Cette dégradation est le fruit de politiques libérales constantes1, organisées autour de deux lois complémentaires2 (la loi Liberté et Responsabilité des Universités de V. Pécresse en 2007 et la loi de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche de G. Fioraso en 2013).

L’axe principal de ces lois est la dévolution de la gestion de la masse salariale aux universités, mises en concurrence, pour faire avaler l’amère pilule de l’austérité budgétaire. On peut résumer de manière imagée cette politique parfaitement cohérente par:

Pour rappel : les présidences récentes de l’université (la Présidente S. Béjean avec le VP A. Bonnin chargé des finances, puis le Président Bonnin lui-même) ont toujours été les bons élèves (passage très tôt aux Responsabilités et Compétences Elargies, instauration de chaires d’excellence, dépôt du projet Humanidex, obtention de l’I-SITE, jusqu’à l’annonce dans la presse de la prochaine demande de dévolution du patrimoine) et l’orthodoxie financière de la présidence actuelle atteint des sommets!

Dans ce contexte national d’austérité, dans lequel la responsabilité des gouvernements successifs est majeure, les différentes universités ont des politiques locales différentes. A Dijon, les variables d’ajustement sont :

N’y aurait il pas d’argent ? Mais si ! Mais pas pour la majorité des étudiants, des filières ou des laboratoires. Seulement pour ceux qui se situent dans les thèmes d’excellence de l’I-SITE4, dont les 5 millions de financement extra-budgétaire sont prévus pour alimenter des filières sur-vitaminées, quand toutes les autres seront des filières anémiques, et les seuls axes de recherche de 25 % de chercheurs. Ainsi s’accroissent les inégalités, quand sont réduits drastiquement les fonds récurrents de tous au profit de quelques-uns qui ont répondu à l’injonction de notre tutelle de fusionner, avec les surcoûts humains et financiers que ces regroupements génèrent5 et avec comme horizon indépassable la satisfaction des besoins de quelques «excellents».

En cette rentrée 2016, nombreuses et nombreux sont celles et ceux qui refusent cette docile fuite en avant vers la destruction du service public de l’enseignement supérieur et de la recherche. Les débuts de mobilisations de juillet et septembre montrent que des améliorations peuvent s’arracher par la volonté unitaire des personnels et des étudiants. Amplifions cette mobilisation pour aller vers une université qui pourra accomplir dignement ses missions fondamentales de formation et de recherche publiques.


1 Lire à ce sujet le dossier du dernier numéro de la VRS.
2 Lois couramment appelées «LRU» et «LRU2» tant la seconde est la continuité de la première.
3 Rallonge de l’ordre d’un million d’euros pour faire face à la hausse du nombre d’étudiants, insuffisante bien évidemment.
4 Voir nos analyses ici et .
5 2 voitures et du mobilier pour la salle du conseil de la COMUE UBFC prévus au budget pour 357 000 euros!!!