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La logique présidant à la « politique de site » est la même à Dijon qu’à Strasbourg, Marseille ou Paris: l’enseignement supérieur est un marché international dans lequel il faut être visible pour exister. D’où l’importance des classements internationaux et la nécessité d’attirer les « meilleurs » (chercheurs et étudiants). Rappelons les trois caractéristiques visées pour l’université fédérale Bourgogne-Franche-Comté (la future ex-COMUE):
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Les priorités sont ainsi clairement établies: l’Université n’est plus un lieu d’élaboration, de diffusion et de préservation des savoirs au service de la société dans son ensemble, mais une concurrente dans la compétition internationale pour l‘obtention de parts de marché. Nous ne souhaitons pas de ce modèle, qui marginalise les savoirs jugés non rentables, transforme les étudiants en acheteurs de diplômes, et fragilise le statut des personnels… tout cela pour copier les grandes universités américaines ou britanniques payantes et fréquentées par une minorité privilégiée d’étudiants. Ce modèle, c’est celui de l’ISITE-BFC, que les présidents d’établissements et la grande majorité des directeurs de laboratoire présentent comme la seule voie possible. Leur raisonnement semble limpide: puisqu’il n’y a plus d’argent en dehors des Programmes d’investissements d’avenirs (ISITE, IDEX etc.) alors il faut jouer le jeu, faute de quoi nous disparaîtrions du paysage de l’enseignement supérieur et de la recherche. Le PIA est l’arme financière du gouvernement pour obliger les universités à se réformer, afin de créer une dizaine de « grandes universités de recherche », des universités gigantesques dont la direction échappe aux personnels et où la collégialité, fondement de la démocratie universitaire, ne serait bientôt plus qu’un souvenir. Il s’agit d’appliquer au monde de l’enseignement supérieur et de la recherche le mode de gestion des entreprises (comme ce terme de « gouvernance » présent dans toutes les communications), de réduire les libertés académiques, de renforcer le pilotage de la recherche et de réduire la formation universitaire au seul objectif d’employabilité. La communauté universitaire est déjà désorganisée par une suite de « réformes » qui, à peine lancées, se reconfigurent au gré des toquades politico-économiques et de leurs échecs. Les résultats sont visibles par tous: la communauté scientifique perd un temps et une énergie irrattrapables dans tous ces dossiers qu’elle doit monter, démonter, remonter dans l’urgence, et re-soumettre chaque fois que le jury « international » renvoie la copie parce que les projets était trop « ouverts » sur l’ensemble de la communauté scientifique du site, ou pas suffisamment intégrateurs, ou pas assez fléchés sur quelques priorités, ou trop démocratiques car laissant encore quelques conseils élus, ou contenant trop d’élus...
L’objectif est de faire advenir une université néolibérale en cassant les statuts (toujours trop « rigides ») pour imposer des mobilités, mieux soumettre les personnels (jamais assez flexibles et corvéables) et aliéner les étudiants (aux impératifs de l’employabilité et à la nécessité de payer leurs études).
Concentrer la recherche sur quelques thématiques choisies appauvrit le paysage scientifique en réduisant la fertilité de la recherche due au lien étroit entre les étudiants et les unités de recherche sur tout le territoire. Cela va à l'encontre de la diversification des lieux de production de la recherche, pourtant nécessaire. La recherche repose sur un équilibre entre plusieurs profils de personnels, qu’il convient de sécuriser. Le lien enseignement-recherche ne se limite pas aux seuls deuxième et troisième cycles. La diversité est un atout pour créer et imaginer.
En période de disette budgétaire, alors que les crédits récurrents des laboratoires se réduisent comme peau de chagrin et que plusieurs formations ont purement et simplement été supprimées, que de nombreux postes sont gelés, il est indéniable que les financements associés à l'ISITE-BFC font figure d'aubaine. Rappelons tout de même:
La carotte de l’ISITE n’est-elle pas en train de nous mener dans le mur ? Souhaitons-nous réellement passer notre temps à répondre à des appels d’offre et à travailler avec en permanence un œil sur des classements internationaux ineptes ? Sommes-nous prêts à sacrifier la collégialité universitaire, notre statut ainsi que le sens de nos métiers pour quelques millions d’euros ?
Nous nous engageons à:
Listes soutenues par SNESUP-FSU, SNCS-FSU, FERCSUP-CGT, SNUIPP-FSU, SNES-FSU